Up’intérim Brest: Témoignage d’un client et d’un intérimaire dans le télégramme

https://www.letelegramme.fr/finistere/brest/jean-jacques-fargeot-recrute-par-brest-aim-parler-franchement-du-handicap-des-le-premier-entretien-20-11-2020-12659832.php

Article et Photo de Pierre Chapain, le télégramme

Victime d’un accident du travail et reconnu travailleur handicapé depuis 2018, Jean-Jacques Fargeot vient de prendre ses fonctions, ce lundi, au sein des équipes techniques d’Océanopolis à Brest. Non sans appréhension.

C’est peut-être la fin d’une longue galère, faite de douleurs, de renoncements et de doutes. D’échecs, aussi, avec « ces dizaines de candidatures et de refus, alors que j’étais sûr d’avoir le profil pour le poste. Mais la RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) faisait peur ».

Ce lundi 16 novembre, quelques heures après avoir pris son poste d’agent de maintenance bâtiments et expositions à Océanopolis, dans le cadre d’un contrat d’intérim devant déboucher sur un CDI (contrat à durée indéterminée), Jean-Jacques Fargeot a chancelé. « Je n’avais plus retravaillé sur ce genre de poste depuis mon accident du travail, en 2017. Alors, il y a plein de questions qui se bousculent : « on perd confiance avec tous ces échecs, on se demande si on sera toujours à la hauteur…. » L’homme âgé de 35 ans s’est rapidement remobilisé , confirmant un vrai tempérament.

Son handicap ? « Il y a en a plusieurs. Le principal est mon poignet droit : j’ai eu tous les ligaments de la main déchirés, et les interventions chirurgicales n’ont pas vraiment fonctionné. J’ai des douleurs qui peuvent durer plusieurs jours, dès que je force. Je souffre aussi de chondromalacie : j’ai les cartilages des rotules abîmés. Mais ça va, j’arrive à faire des choses ! Alors j’adapte ma façon de travailler, je suis plus attentif à mes postures, mon organisation… ».

L’homme travaillait pour une collectivité locale quand l’accident est survenu. « Ensuite, ils auraient dû me proposer un poste adapté à mon handicap. Mais rien n’est venu ». Il a donc décidé de chercher un emploi convenant à ses compétences, quitte à élargir le cercle à toute la France.

« Ils m’ont redonné confiance. Car ici, dès le début, les choses sont claires vis-à-vis de l’employeur sur la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Ça évite le malaise ensuite ».

« En parler tout de suite pour éviter le malaise »

Il trouvera finalement un poste de métreur à Guipavas, mi-2019, qu’il occupera pendant un an. « Mais j’étais assis toute la journée. Ce n’est pas pour moi ». En juillet dernier, il reprend ses recherches. Pousse toutes les portes, dont celle de l’agence Up-intérim, spécialisée dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap. « Ils m’ont redonné confiance. Car ici, dès le début, les choses sont claires sur la RQTH vis-à-vis de l’employeur. Ça évite le malaise ensuite ».

L’agence soumet son CV à Brest’Aim, qui n’avait pas envisagé de recruter un travailleur handicapé pour ce poste. Mais se révélera convaincu par « le caractère, la méticulosité et la rigueur », du candidat, selon Maïa Wolff, responsable développement RH (ressources humaines) pour Brest’Aim. Elle concède : « Quand on reçoit un CV avec une RQTH, l’imaginaire peut tourner à plein régime et on n’ose pas aborder cette question de front. Alors que poser les choses d’emblée met en confiance et rassure ».

« Faire le deuil d’avant »

La RH voit désormais un avantage dans ce recrutement : « Avec son parcours, il a un regard affûté pour mener les travaux en prenant soin de lui. Et il pourra faire passer le message dans les équipes ».

« Le travailleur handicapé peut avoir ce rôle préventif pour une équipe, ses propres problématiques générer des solutions utiles à la bonne marche de l’entreprise », prolonge Patricia Lino, directrice d’Up’Interim Brest. « Mais avant ça, il doit lui-même connaître ses limites, faire le deuil d’un métier qu’il ne peut plus faire, ou plus comme avant ».

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